En 1928, fut créé le Bureau international des expositions (site du B.I.E.) qui, depuis cette date, codifie et réglemente ces rassemblements internationaux. Jusque-là, chaque pays avait toute liberté d’organiser sa représentation lors de l’exposition comme bon lui semblait. À partir de 1928, c’est le B.I.E. qui sélectionne le pays organisateur parmi les candidatures qui lui sont soumises. Arbitrant les concurrences entre pays, il organise une roulement cohérent et le calendrier des expositions futures.
L’expo internationale de 1937 est programmée dés 1934 et c’est
le tout nouveau gouvernement du Front populaire,
élu en mai 1936, qui inaugure dans les gravats et la discorde
nationale l’Exposition internationale des arts et
techniques appliqués à la vie moderne.
Les tensions entre le patronat et le Front populaire retardent les
travaux d’édification des pavillons. Les trois-huit ne sont pas
appliqués, les heures supplémentaires ou même les quarante heures
sont des concepts qui sont encore inconnus. Cette dernière
rencontre internationale organisée par Paris restera dans les
mémoires comme le grand ring où vont s’affronter les
idéologies fascistes, communistes et pacifistes.
Extrait de : "La France de l'entre-deux guerres"
«L’exposition sera ouverte à toutes productions qui
représenteront un caractère indiscutable d’art et de nouveauté »,
tel est le thème général de la manifestation, qui exclue de fait
les traditionnels pavillons sur l’artisanat et l’industrie des
expositions précédentes. Celle de 1937 est un gigantesque
concours d’architecture, préfigurant en cela toutes
celles qui se tiendront après-guerre.
Le petit train électrique devant le Trocadero.
Tournant irrémédiablement le dos au passé et à
l’auto-commémoration, la jeune génération des architectes a les
coudées franches et une mission : frapper l’imagination des
foules. Le nouveau Palais de Chaillot, qui remplace le
Palais du Trocadéro datant de 1878, et le Musée
d’Art Moderne resteront les principaux témoins de cette
époque perturbée, où le gouvernement du Front populaire opposé au
Sénat ne parvient pas à imposer la vision d’une France forte.
Les visiteurs sont surtout interpellés par le
face-à-face de deux bâtiments imposants, au pied du Trocadéro –
achevé pour sa part plusieurs jours après l’inauguration. Ces deux
pavillons, en place plusieurs semaines avant l’ouverture de l’expo
au public, sont ceux du IIIe Reich et de l’URSS, surmontés de
sculptures colossales. « L’ouvrier et la kolkhozienne »
du pavillon de l’URSS semble défier l’aigle nazi qui
surplombe la place de Varsovie. La statue russe réalisée par Véra
Moukhina en acier inoxydable pèse 65 tonnes et a été remontée à
Moscou où elle trône aujourd’hui à l’exposition permanente
des réalisations de l’industrie et de l’agriculture soviétique.
A gauche le pavillon de l'URSS, à droite el pavillon de l'Allemagne nazie.
Sur commande de la Compagnie Parisienne de Distribution d’Electricité, Raoul Dufy peint « La Fée Electricité » pour le pavillon de la Lumière ; on peut aujourd’hui admirer cette œuvre au Palais de Tokyo.
Le Corbusier construit le pavillon du Temps Nouveau. Charles Loupot, Cassandre (Du bo, du bon, Dubonnet), Robert Falcucci exposent leurs affiches au Palais de la Publicité. Picasso expose Guernica, commandé pour le pavillon de l’Espagne Républicaine. Fernand Léger peint « Le Transport des Forces » présenté au palais de la Découverte.
Guernica par Pablo Picasso
Dubonnet par Cassandre et St Raphael par Loupot.
Trente millions de visiteurs participent à la
fête où 44 nations ont été conviées. Les véhicules
électriques améliorés – ils étaient apparus la première
fois pour l’exposition coloniale de 1931, sillonnent le site et il
en coûte 5 francs de prise en charge et 50 centimes la minute pour
se déplacer à bord de ces voitures à 3 places. Un petit
train électrique sur pneus parcourt l’exposition et des
bateaux hydroglisseurs tout nouvellement inventés font
la navette sur la Seine.
Au bout de l’île aux Cygnes, qui accueille
les pavillons des colonies françaises, on fait pivoter la
réplique de la statue de la Liberté de Bartholdi –
offerte en 1889 par les Français vivant aux États-Unis pour le
centenaire de la Révolution –, afin qu’elle regarde vers son
illustre original de l’autre coté de l’Atlantique.
Les plus belles locomotives à vapeur et électriques, ainsi que leurs wagons, sont exposées sous la gare des Invalides, construite pour l’exposition de 1900. La fine fleur des conducteurs de trains a fait le voyage depuis la Pologne, l’URSS, l’Allemagne, et les régions de France.
Ce n’est pourtant pas faute du spectacle qu’offrent les 300 pavillons, mais le glas est sonné et les expositions d’après-guerre ne rivaliseront pas avec leurs aînées. La télévision, le brassage des informations, les vacances à l’autre bout du monde ont participé à la transformation de ce type de manifestation. À l’exposition universelle de Séville en 1992 la France a dépensé 350 millions de francs pour bâtir son pavillon qui a ensuite été revendu 1 franc symbolique ; pour celle de Hanovre de juin à Octobre 2000, la France n’a pas cédé autant d’argent, mais a délégué à Décathlon, une enseigne sportive, la construction d’un pavillon destiné à rester sur place. Néanmoins, 70 millions de visiteurs ont parcouru les allées de l'Expo Shanghai en 2010.