Le pavillon des armes de Liège

Une église dans un pavillon d’arme, des artistes dans une église.


liege  exposition universelle 1900 saint ouen

    Entre 1876 et 1896, la ville de Saint-Ouen a triplée sa population passant de onze-mille à trente-mille habitants. Le besoin de construire une église dans un quartier ouvrier se fait ressentir. L’abbé Macchiavelli achète, en 1900, ce pavillon des armes de Liège construit par l’architecte Paul Jaspar (1849-1945) dont la charpente avait été construite par Eiffel et la fera transféré impasse Germaine, dans le quartier de Cayenne. L'église fut consacrée par le vicaire de Paris le 20 octobre 1901. Après la construction de l’église du Sacré-Cœur en 1933, ce bâtiment devient salle de patronage, avant d’être abandonné puis racheté par la Ville de Saint-Ouen qui le rénove et y accueille sept ateliers d’artistes et sept logements depuis 1996.

Enseigne d'un fabricant d'arme du début du XX ème siècle, 2012

La ville de Liège était célèbre pour la production d’armes à feu. Dans « l’Exposition Universelle, de 1900 » Louis Rousselet écrivait: «Nous devons ajouter que, à coté des fusils merveilleux de justesses et qui se vendent souvent à un prix énorme, les fabriques de Liège font aussi des fusils dits « de traite »qui se vendent pour quelques francs, et qui s’échangent à la côte d’Afrique pour quelques livres de caoutchouc : du reste, ils ne valent pas d’avantage ; c’est à peine s’ils tireront quelque coup sans éclater.»

henri de montfreid

Dans ses mémoires "Les secrets de la mer rouge » Henry de Monfreid écrivait : « Il y avait à Liège, avant la guerre (écrites en 1931, Monfreid situe l’action autour de 1911) d’importantes fabriques qui transformaient les armements réformés des divers Etats européens pour l’usage des royaumes africains. Chaque pays a ses préférences. L’Abyssinie demande des carabines Gras à trois grenadières en cuivre. En Arabie, on préfère le mousqueton de cavalerie à deux grenadières. Les usines de Liège pouvaient livrer des armes suivant le goût de chaque client exotique à des prix exceptionnellement bas. Une carabine Gras,par exemple, rendue à Djibouti, coûtait de 12 à 15 francs*. » Extrait de « Mer rouge » aux éditions Grasset.

*L’heure de travail était payée entre 40 et 50 centimes en 1900, le billet d'entrée de l'expo était de 1 francs,