Le cimetière du Pére-Lachaise, abrite un témoignage émouvant, qui pourrait symboliser à lui tout seul la difficulté qu'ont du éprouver les délégations lointaines qui, après un long voyage, sont venus exposer leur denrées, et leur savoir faire aux expositions universelles parisiennes.
Il s'agit de la tombe de monsieur Nonaka Motoske né à Yokahama, marchand à Saga dans l'ile de Kiushu de la délégation japonaise dont le chef se nommait Sano Djouzaiemon (selon l'orthographe du journaliste de 1867) ; Il est décédé à son arrivée à Paris le 16 juin 1867. Ce qui encore plus étonnant, c'est que loin d'être oublié, sa tombe est encore aujourd'hui entretenue et des poèmes y sont déposés. En effet, Nonaka Motoske était un commerçant poète, descendant d'une famille célèbre de Samouraï. Il écrit dans un des haiku (courts poèmes japonais) : "De même que la fleur de cerisier est la fleur par excellence, de même parmi les hommes, le samouraï est l'homme par excellence"
En 1936, son fils publia le récit que Novaka avait écrit durant son voyage depuis le Japon jusqu'à Paris. Il était parti de Nagasaki pour Shanghaï, puis embarqua sur un navire de la "Peninsular & oriental". Son périple dura deux mois en passant par Singapour, Ceylan, Bombay, Suez, Malte, Londres, Douvres, Calais pour s' achever à Paris.
"Dés leurs premiers
pas dans la vie nouvelle, le deuil est venu frapper à leur
porte; un des leurs est mort subitement.
Il a été enterré au Père-Lachaise; La mission tout entière,
entourée d'une foule nombreuse s'est fait un devoir de
l'accompagner dans sa denière demeure dernière? Quand le cercueil
fut descendu dans la fosse, tous les Japonais se prosternèrent, le
front contre terre, et ils prièrent longtemps. Quand ils se
relevèrent, tous pleuraient. Le chef s'approcha ensuite,
s'informant et vérifiant par lui-même si le mort avait bien le
visage tourné vers l'Occident; il récita une prière que tous
répétèrent après lui, et, ce dernier devoir pieux accompli, il se
retira lentement, triste et sans parler, suivi de tous ses
compatriotes, pendant que les fossoyeurs rejetaient la terre sur
le corps. Un monument, dont l'amiral a donné minutieusement le
plan et l'esquisse, marquera la place où repose le premier
Japonais mort à Paris."
- L'Exposition populaire illustrée 1867-
On pourra noter que le dessinateur a placé la délégation japonaise sous un cartouche "Chine" .