En 1796, François de Neufchâteau, un magistrat député à l'assemblée législative, eut l'idée de charger une commission spéciale d'inspecter les manufactures de Sèvres, des Gobelins et de la Savonnerie. (Nota : la manufacture de la Savonnerie, située en bord de Seine au niveau de l'actuel palais de Chaillot, avait pour vocation depuis 1631 de fabriquer « Des tapis veloutés façon du Levant »). Le rapport de la commission conclut qu'un nombre considérable de marchandises fabriquées par ces manufactures ne trouvaient pas d'acheteur et restaient donc entreposées dans les magasins.
Le château de Saint-Cloud en 1855 par Williams Wyld (1806-1889)
François de Neufchâteau forma alors le projet d'exposer
ces productions au public, et de faire se rencontrer
fabricants et marchands. Ainsi les premières Assises de
l'Industrie Française naquirent au château de Saint-Cloud en 1796.
On y organisa fêtes publiques, spectacles et jeux de toutes
sortes ; les exposants exemptés de toutes taxes vinrent nombreux.
En 1797, pour la deuxième édition de l'événement, le château de
Saint-Cloud étant trop excentré, on décida d'installer
l'exposition à l'hôtel d'Orsay, aujourd'hui Hôtel de Clermont, au
69 de la rue de Varenne à Paris.
Le succès parisien confirmant l'attrait du public pour cette
grande «foire» d'un nouveau genre, Neufchâteau décide, le 9
fructdor de l'an VI de la République d'organiser au Champ-de-Mars,
du 18 au 21 septembre 1798, la première Exposition
Nationale des Produits de l'Industrie pour laquelle 110
exposants prirent part. Ce fut une plus grande réussite encore. Onze Expositions Nationales Françaises se succédèrent par la suite entre 1801 et
1849.
Crystal Palace de Londres 1851
Cependant, c’est en
Angleterre que la première véritable Exposition
Universelle eut lieu. L’idée avait vraisemblablement déjà germé en
France mais l’instabilité politique de ce milieu du XIXe siècle
faisait échouer le moindre projet international. En revanche, le
règne de la Reine Victoria, qui dura de 1837 à 1901, stable et
prospère, offrait une conjoncture plus propice.
Ainsi, dans les années 1850, le prince Albert, époux de la
Reine, organise « The Great Exhibition of the Works of
Industry of All Nations ». Pour accueillir les
exposants de tous pays, point de champs de foire, de stand ou
d’hôtel particulier, la commission royale lance un grand concours
international d’architecture en commandant un bâtiment original,
moderne, aéré, novateur… M. Joseph Paxton, chef
jardinier à Chasseworth, le remporte en proposant de réaliser un
immense édifice de fonte et de verre, baptisé Crystal Palace réalisé
par l'architecte Owen Jones. Il sera édifié par 5000
ouvriers au sud de Hyde Park vers Kensington.
Le 1er mai 1851, le jour de l’inauguration de
la première Exposition Universelle du monde, la galerie centrale
culminait à trente mètres de hauteur, une nef transversale toute
aussi haute permettait de conserver un bosquet d’arbres
anciens à l’intérieur de l’édifice (les Britanniques
posant là les bases du développement durable avec
quelques 150 ans d’avance). Cette serre immense
mesurait 560 mètres de long, pour une superficie de 8 hectares et
si on avait mis bout à bout les tables d’exposition, on en serait
arrivé à une longueur de 13 kilomètres. Les objets exposés étaient
partagés en quatre grandes classes : Les matières premières, les
machines, les produits manufacturés et les objets d’art.
La Grande-Bretagne et ses colonies s’étaient réservé la moitié du bâtiment, les nations étrangères se partageant l’autre partie, placée du centre vers le fond du Crystal Palace par ordre décroissant en nombre d’objets exposés. La France, premier exposant en importance était donc placée à coté de l’Angleterre, au milieu de la nef.
Le bouquet d'arbres, présérvé dans la nef.
L’Exposition ferma ses portes fin octobre 1851. Le Crystal Palace, comme prévu, fut démonté et reconstruit, en 1852, dans un parc au sommet de Sydenham Hill, un quartier du sud de Londres.
Le crystal Palace reconstruit à Sydenham Hill, vers 1860.
Délaissé, puis utilisé comme centre d’entraînement pendant la première guerre mondiale puis comme musée militaire. Il fut définitivement détruit dans un incendie le 30 novembre 1936.
Churchill déclara à cette occasion « This is the end of an age ». Deux tours furent épargnées par les flammes mais elle furent démontées quelques années plus tard : durant la seconde guerre, les Anglais craignaient que les bombardiers allemands ne puissent s’orienter en fonction de ces augustes vestiges. Aucune trace ne persiste aujourd’hui de cette imposante merveille que fut le Chrystal Palace, si ce n’est le nom d’une station du métro londonien (site en anglais).